Les jumeaux numériques s’avèrent être des outils précieux pour les acteurs du secteur de la construction qui œuvrent à la réalisation de l’objectif du World Green Building Council, à savoir la décarbonisation complète d’ici 2050. En permettant de mieux comprendre les méthodes utilisées pour rendre les bâtiments neufs et existants plus écologiques, ces jumeaux contribuent à la recherche de la durabilité.
L’utilisation de modèles virtuels qui utilisent des données réelles pour créer des simulations permettant de prédire les performances d’un produit ou d’un processus facilite une boucle de rétroaction constante d’informations en temps réel. Selon un rapport de Future Market Insights, le marché mondial des modèles virtuels devrait augmenter à un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 22,6 % au cours de la prochaine décennie, l’industrie de la construction étant l’un des plus grands bénéficiaires.Utilisés avec des capteurs intelligents installés dans les bâtiments, les jumeaux numériques peuvent fournir des informations précieuses sur les performances d’un bâtiment, par exemple pour savoir s’il est possible d’améliorer l’isolation afin de réduire les émissions d’énergie ou s’il est possible d’anticiper le moment où un composant est susceptible de tomber en panne, ce qui permet de le réparer avant qu’il n’entraîne d’autres problèmes.
Les organisations peuvent obtenir des informations sur la température, l’éclairage, l’humidité et d’autres facteurs grâce à ces capteurs, ce qui les aide à déterminer la performance réelle des produits, des services et des systèmes. Elles peuvent alors prendre des décisions plus éclairées pour les projets futurs et, dans le cas des fabricants, produire des produits plus réactifs et plus performants tout au long de la durée de vie d’un bâtiment.
Manque de coopération
L’efficacité des jumeaux numériques dans la réalisation des objectifs de durabilité est entravée par le manque de coopération entre les secteurs. Les organisations développent souvent leurs propres jumeaux numériques et investissent dans des systèmes de gestion de l’information distincts pour traiter les données, ce qui entraîne des redondances et des silos d’information. Cette approche réduit l’efficacité des jumeaux numériques car les silos d’information créent des écarts entre les performances prévues et réelles des bâtiments. L’absence de lien entre le développement de produits, la fabrication et la performance de l’environnement bâti a un impact négatif sur le secteur. L’absence de normes et d’harmonisation nécessaire au niveau européen aggrave encore la situation. Bien que l’Espagne ait tenté de lancer une norme, aucun consensus n’a été atteint sur la définition des jumeaux numériques. Un groupe de travail doit être formé pour produire un rapport technique sur ce que devrait être un jumeau numérique sur la base de cas d’utilisation et, en fin de compte, créer une norme.
Vers une normalisation
La mise en œuvre d’un cadre commun peut encourager la collaboration entre les différents secteurs, mais pour exploiter pleinement les avantages des données du jumeau numérique, chaque organisation impliquée dans la chaîne de valeur de la construction doit avoir une visibilité sur ces données. Les modèles de données peuvent aider à normaliser les données collectées par cette technologie, les rendant plus facilement compréhensibles et utilisables par tous. Ces modèles sont créés sur la base de dictionnaires de données numériques qui établissent un langage commun pour mesurer et évaluer les performances des produits de construction. Ils décrivent les caractéristiques des produits et des matériaux conformément aux normes internationales, européennes et nationales. Les organisations peuvent ainsi déterminer l’efficacité énergétique de l’éclairage ou de l’isolation d’un bâtiment, par exemple, afin d’évaluer s’il contribue à leurs objectifs de durabilité avant d’y apporter des améliorations. L’approche normalisée de la gestion des données facilite le partage des données, ce qui permet aux organisations de se faire une idée plus précise des changements qu’elles peuvent apporter pour parvenir à zéro émission.