Les parcs, les petits bois et même les simples pelouses ne contribuent pas seulement à l’attrait d’une ville, mais aident aussi les gens à trouver un sentiment de bien-être dans un environnement urbain par ailleurs très animé. Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons planifier et surveiller ces “espaces verts” urbains mieux que jamais.
Comme l’ont souligné plusieurs études, la nature en milieu urbain joue un rôle essentiel dans la lutte contre de nombreux problèmes de santé publique généralement associés à l’urbanisation. Il s’agit notamment de maladies telles que la dépression et l’hypertension artérielle. Une étude réalisée en 2022 a montré que les arbres ont la capacité d’améliorer la qualité de l’air dans les villes, car les feuilles et les aiguilles de pin capturent les polluants présents dans l’air.
Le fait que les villes aient besoin d’espaces verts n’est donc pas une question particulièrement controversée. La question de la quantité d’espaces verts dont une ville devrait disposer reste toutefois ouverte. Même dans ce cas, la science peut fournir quelques lignes directrices, puisque les recherches indiquent qu’il faut au moins 9 mètres carrés d’espaces verts par personne, la valeur idéale étant de 50 mètres carrés par habitant dans une ville (à titre de comparaison, une place de parking moyenne au Royaume-Uni occupe environ 12 mètres carrés).
Aménagement paysager
La grande question est donc de savoir quel type d’espace vert nous voulons. Un parc bien entretenu mais aménagé par l’homme ? Ou quelque chose de plus naturel et de moins soigné, comme des bosquets, des prairies ou des zones qui ressemblent à des champs ? Comme nous l’expliquons dans notre livre à paraître, Designing Smart and Resilient Cities for a Post-Pandemic World (Concevoir des villes intelligentes et résilientes pour un monde post-pandémique) : Metropandemic Revolution, cela dépend en grande partie des conditions géographiques de la ville en question. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande une diversité de différents types d’espaces verts si possible, mais il est inévitable que certaines villes soient dotées d’une végétation luxuriante alors que d’autres ne le sont pas.
Cependant, tout n’est pas perdu pour les villes qui ne disposent pas de beaucoup d’espaces verts naturels, car de tels environnements peuvent être construits dans des zones urbaines qui étaient auparavant dépourvues d’arbres et d’herbe poussant naturellement. Cet “aménagement paysager vert” peut être entrepris même dans des zones qui, autrement, sembleraient improbables. Un excellent exemple est la High Line à New York, un parc linéaire surélevé de 2,33 km de long construit sur un viaduc ferroviaire abandonné. Depuis son ouverture progressive il y a une dizaine d’années, la High Line est devenue un exemple de réaménagement paysager vert visant à transformer des infrastructures obsolètes en espaces publics verts et dynamiques.
Si l’on sait que la verdure a des effets positifs sur l’humanité en général, il est plus difficile de prouver la relation de cause à effet exacte dans la manière dont les espaces verts affectent notre santé. À cet égard, la technologie numérique peut s’avérer un outil essentiel pour les urbanistes afin de déterminer les meilleurs endroits pour réaménager les espaces verts.
Technologie intelligente
Un concept qui connaît un développement particulièrement rapide est celui des “forêts urbaines intelligentes”, qui fait référence à l’utilisation de moniteurs d’arbres, d’imagerie 3D et d’autres technologies liées à l’internet des objets pour aider à gérer la forêt. Cet “internet de la nature” pourrait surveiller la santé des sols, mesurer la pollution de l’air ou veiller à ce que les forêts urbaines soient suffisamment hydratées.
Les technologies futures pourraient également permettre l’utilisation de plateformes de données ouvertes et une plus grande participation du public. Les urbanistes pourraient, par exemple, recueillir les points de vue de la population à l’aide d’une application, tout en utilisant la technologie numérique pour cartographier et stimuler la biodiversité urbaine et pour s’assurer que les espaces verts sont placés à des endroits où ils seront le plus efficaces possible.
L’initiative de recherche Treepedia, lancée en 2016 par le MIT Senseable City Lab, basé dans le Massachusetts, en est un exemple. Treepedia aspire à sensibiliser aux forêts urbaines en utilisant des techniques de vision numérique basées sur les images de Google Street View.
Treepedia se concentre sur les arbres des rues piétonnes que l’on trouve dans de nombreuses villes du monde, par opposition aux parcs. La raison principale est que les piétons sont plus susceptibles de voir des arbres de rue sans le vouloir, alors que la plupart des gens dans les parcs ont fait le choix actif de s’y trouver. Grâce à l’utilisation d’une bibliothèque ouverte, Treepedia permet au public de calculer les quantités d’arbres présentes dans sa propre ville ou région.
Si les urbanistes prennent conscience du potentiel de la technologie numérique, les espaces verts urbains devraient avoir un bel avenir. Toutefois, la conception des espaces verts optimaux que nous souhaitons pour nos villes pourrait également nécessiter à l’avenir une collaboration plus étroite entre les urbanistes et les ingénieurs.