Depuis 2014, un championnat impliquant le tertiaire, les communautés et les écoles promeut activement les bonnes pratiques, facilitant ainsi un environnement positif propice à la croissance et au développement. En outre, ce championnat a réussi à encourager la collaboration et la participation entre les différentes parties prenantes, contribuant ainsi au succès global de l’initiative.
Comme tout supporter de football qui suit les classements du dimanche soir, Georges Baptista, responsable d’exploitation d’un immeuble de seize étages avec cinq niveaux de sous-sol à La Défense (Hauts-de-Seine), suit chaque mois de près les résultats de la ligue énergétique à laquelle il a adhéré il y a un peu plus d’un an. Mercredi 14 décembre, dans la gigantesque salle de spectacle de l’Arena de la Défense, lui et son assistant ont fièrement accepté la médaille d’argent pour leur remarquable réussite à réduire de 19% la consommation de la tour Hyfive, sans grands travaux, mais uniquement en changeant les habitudes.
Le tiercé gagnant des économies d’énergie pour ce lieu de travail consiste à éteindre les lumières, à baisser le chauffage et la climatisation. Les employés n’ont cependant pas à travailler dans des conditions inconfortables, puisque la température n’a jamais pu dépasser 28°C, même lorsque les climatiseurs de certaines ailes étaient éteints les jours de moindre affluence. Cela est dû au fait qu’il y a 120 machines par étage et que chacune d’entre elles consomme au moins 2 kilowattheures. Par conséquent, il est possible d’éteindre les lumières, de baisser le chauffage et la climatisation tout en maintenant un environnement confortable.
Malgré le froid désagréable, il a suggéré que le chauffage ne soit coupé qu’à l’heure du déjeuner. Lorsqu’il a commencé, la guerre en Ukraine n’avait pas encore éclaté, et on s’attendait à ce que les règlements de charge de décembre diminuent. Face à l’augmentation de 77 % des coûts énergétiques du bâtiment, il s’est félicité que “nous limitions les dégâts”.
Unifier les efforts
Dans les tribunes, les élèves de Bagneux (Hauts-de-Seine) sont animés par les mêmes préoccupations. Bien qu’ils viennent de rejoindre la compétition, ils assurent déjà qu’ils n’allumeront pas les lumières en cours de français car le soleil suffit. De plus, ils veillent à ce que les fenêtres soient fermées pour que tout le chauffage ne s’envole pas dans les airs. Thayanies, en 4ème année, et sa voisine en 5ème année sont dans la même “ligue” qu’une autre école de la ville et deux autres du département, et elles ont hâte de rivaliser et d’échanger des idées avec elles. Par conséquent, ils s’assurent déjà de prendre les mesures nécessaires pour réussir.
Parallèlement, le championnat français des économies d’énergie, Cube, est né en 2014 et se déroule depuis sept ans. Des milliers de salariés, de collégiens et de lycéens de tout le pays et de l’étranger ont participé à cette compétition pour réduire leur consommation d’énergie. 74 bâtiments ont participé à la première édition et 1 400 se sont déjà inscrits pour 2023, dont des villes, des écoles et des stades. Même l’État réfléchit à la manière de participer avec ses 100 000 bâtiments. Face aux coupures d’électricité et à l’urgence climatique qui perdurent, cette initiative collective prend tout son sens.
Rénover est essentiel, mais repenser la façon dont nous l’utilisons peut donner des résultats rapides. En examinant nos stratégies existantes et en les retravaillant, nous pouvons réaliser des progrès significatifs en peu de temps. C’est une approche importante à adopter lorsque nous voulons atteindre nos objectifs avec un minimum d’efforts.
Xavier Piechaczyk, le président du conseil d’administration de RTE et le gestionnaire du réseau électrique, est venu saluer les participants et a prévenu que l’hiver électrique serait “tendu”. Il a évoqué l’application Ecowatt et son “buffle intelligent d’électricité”, qui pourrait entraîner des coupures tournantes temporaires si tout le monde ne se mobilise pas dans la journée. Il a alors demandé au secteur tertiaire d’être le plus flexible possible.
Le concours, né au début des années 2010, a été créé pour aider le secteur tertiaire à devancer les futures exigences en matière de performance énergétique. Cédric Borel, directeur de l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb), a calqué le concours sur la Battle of the Buildings américaine et l’Energy Trophy européen. Le droit d’inscription est fixé à 1 000 euros par bâtiment et la méthodologie (audit avant-après, indice de performance, suivi des consommations) a été établie. Du coup, une poignée de sociétés immobilières et de grands groupes suivent le mouvement, justement pour rénover et repenser les façons de faire afin d’obtenir des résultats rapides.
Dès le départ, les résultats de l’arrêt du chauffage d’un parking largement ouvert dans un centre de distribution de Rennes, et de la coupure des radiateurs dans les escaliers d’un autre bâtiment de La Poste, ont été clairs. Le bon sens, qui ne s’est imposé qu’avec les yeux sur le compteur et un objectif en tête, a été rapidement soutenu et accompagné par le Cerema, qui regroupe les anciennes directions techniques de l’État. L’économie moyenne était de 13 %, mais avec des bâtiments bien réglés, il était possible de réaliser des économies allant jusqu’à 25 %. Dans certains cas, les exigences du décret sur le secteur tertiaire, qui prévoit 40 % d’économies d’ici 2030, ont même été atteintes en un an.
Les organisateurs insistent sur le fait que les idées doivent venir du terrain. Chez Orange Business Services, James Scemama, responsable des services généraux, onze étages à Cœur Défense, a mis en place des mesures d’économie d’énergie pour atteindre leur objectif de 22% d’économies d’énergie d’ici 2020. Les lumières ne s’allument plus automatiquement à 7 heures du matin et une centaine de projecteurs ont été dévissés, tandis que l’heure d’extinction du soir a été avancée d’une demi-heure et varie en été et en hiver. De plus, les salles informatiques sont désormais réglées à 26°C contre 23°C auparavant. Malgré les plaintes occasionnelles de quelques personnes, les mesures semblent bien fonctionner.
En 2018, un millier de collèges et lycées du pays participent à un concours visant à former les générations futures à une plus grande efficacité énergétique. Délégués et éco-délégués sont à pied d’œuvre ; à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les BTS ont apposé des autocollants dans les classes et recherché les vidéoprojecteurs restés allumés. Leurs calculs montrent que le remplacement des 3 000 lampes par des LED permettrait d’économiser 20 000 euros par an. De même, de grandes journées pull ont été organisées pour économiser l’énergie lorsque les bâtiments ne sont pas dans un état de délabrement ; le collège Georges-Braque à Paris a vu une économie de 20% en un an, grâce à des slogans humoristiques sur les murs tels que ” Si ton cerveau n’est pas un gruyère, éteins les lumières ” qui ont été traduits pour les salles de langues. En moyenne, les collèges économisent entre 5 000 et 6 000 euros, tandis que les lycées économisent 15 000 euros chaque année, selon le Cerema.
Bien qu’elle fasse fi de l’importance de produire des événements XXL, l’Arena de la Défense reste la plus grande salle d’Europe. Selon l’Ifpeb, cette salle a connu une réduction de 300 000 euros au cours des trois dernières années et a également cessé d’être chauffée ou refroidie depuis septembre 2020, avec des températures variant entre 16°C et 26°C. De plus, la politique d’éclairage de cette salle a également été modifiée de manière drastique ; désormais, il faut envoyer un e-mail détaillant l’heure et la zone à éclairer, et les 100 boîtes ne sont éclairées que par paquets de dix. Le plan d’éclairage des matchs de rugby a été réduit et le système de renouvellement d’air ne fonctionne à plein régime que pendant les deux jours du supercross. Enfin, un appel d’offres a été lancé pour remplacer 5 400 luminaires par des LED, à l’exception de la grande salle, déjà équipée.
Saint-Gobain, le spécialiste de l’isolation, ne battra pas de records avec sa nouvelle tour à La Défense, mais il donne tout de même l’exemple. Les écrans dans les halls et sur les paliers sont éteints plus tôt ; pour moins de trois étages, les employés sont encouragés à utiliser les escaliers ; certains espaces sont fermés les jours où le télétravail est encouragé ; et, étant donné le nombre limité d’occupants, la tour sera réduite de moitié, voire fermée aux trois quarts, entre Noël et le jour de l’an.