La nécessité de construire de nombreux logements abordables, malgré la hausse des coûts des matériaux et les nouvelles réglementations environnementales (RE2020), constitue un défi de taille. Ces réglementations ont accentué les pressions inflationnistes. Pourtant, il existe plusieurs moyens d’améliorer la productivité, dont certains existent depuis longtemps et d’autres sont plus récents.
Préfabrication
La préfabrication ou fabrication hors site, qui implique le recours à l’industrialisation d’éléments de construction tels que l’ossature des façades, est une pratique courante dans le secteur du bâtiment, tant pour les logements collectifs que pour les maisons individuelles. Ce fait a été souligné par la récente faillite de Geoxia, le constructeur des maisons Phénix, qui possédait des unités de production. Par ailleurs, de grandes entreprises de construction comme Vinci et Eiffage, ainsi que des entreprises moyennes actives comme NGE et Spie Batignolles, ont déjà des activités industrielles qui répondent à des besoins spécifiques.
De nombreux experts estiment que la fabrication hors site, longtemps limitée, est sur le point de prendre un nouvel élan. Dans le passé, la préfabrication n’était pas une priorité absolue dans le secteur de la construction, car celle-ci était largement considérée comme un processus sur mesure, ce qui a entravé la croissance de la production industrielle hors site. Toutefois, cette situation devrait changer avec l’utilisation croissante de la technologie numérique dans les phases de planification et de conception, ce qui favorisera l’industrialisation des processus de construction. Alain Tayar, directeur général de l’activité construction de NGE, estime que cette tendance va se généraliser. NGE Bâtiment explore actuellement de nouvelles techniques de construction associant le béton, le bois et l’acier, en s’appuyant sur ses unités industrielles de préfabrication d’éléments en béton (Lagarrigue) et de menuiserie (Menuiserie Cardinal).
Selon Julien Garnier, directeur général adjoint du bureau d’études Cardonnel Ingénierie, la préfabrication s’étend à de nouveaux secteurs comme les pièces de fluides et les salles de bains. Il ajoute que la construction hors site est une option viable à condition qu’elle puisse être industrialisée pour permettre aux usines de récupérer leurs coûts de production. Néanmoins, les méthodes de construction conventionnelles sont encore fréquemment utilisées malgré l’existence de la préfabrication.
Bâtiment 3D
La construction en 3D ou construction modulaire peut être comparée à l’assemblage d’un puzzle, où des modules complets – ou presque – sont construits hors site puis assemblés sur le chantier. Cette méthode est largement utilisée dans la construction en bois et peut être appliquée à diverses structures telles que les logements, les hôtels, les salles de classe et les résidences étudiantes. Les avantages de la construction en 3D sont nombreux : réduction du temps de construction, amélioration de la qualité des finitions, meilleure gestion des matériaux et amélioration des conditions de travail des ouvriers.
Maquette numérique
Promise depuis une décennie, la maquette numérique BIM (abréviation de “building information modeling”), qui consiste à concevoir un bâtiment sur ordinateur, n’a pas connu les progrès escomptés. Mais la mise en place de RE2020 pourrait lui donner un nouvel élan. Selon le directeur de NGE Bâtiment, le BIM peut permettre de réaliser des économies grâce à un recours accru à la préfabrication et à la construction en 3D.
Malgré les avantages de la technologie numérique, il existe encore des obstacles à son utilisation. L’un de ces défis est le coût impliqué, ainsi que le besoin de compétences et de formations adéquates. Selon le directeur général adjoint de Cardonnel Ingénierie, la numérisation du secteur du bâtiment est plus lente que celle d’autres secteurs. Cependant, il existe un potentiel d’économies grâce au travail collaboratif qui peut être réalisé numériquement. La difficulté réside toutefois dans le fait que les clients travaillent souvent de manière indépendante, ce qui peut entraver l’avancement des études. Par conséquent, il faut davantage de réflexion et d’efforts pour intégrer pleinement la technologie numérique dans l’industrie du bâtiment, en particulier dans le cadre de RE2020.
Outre ces techniques de construction, l’incorporation de matériaux biosourcés et de matériaux recyclés, ainsi que l’adoption du dernier système de gestion des déchets EPR, sont également considérées comme des moyens efficaces de réduire les dépenses de construction.