Le groupe de travail sur la qualité de l’enveloppe des bâtiments (GTQE) a publié une nouvelle édition de son livre blanc, qui décrit les défis actuels associés aux nouvelles constructions et à la rénovation de l’enveloppe des bâtiments en termes d’isolation. Le livre traite de l’importance d’une isolation optimale de l’enveloppe du bâtiment pour réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, et présente diverses mesures pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments.
Le pôle de compétitivité Fibres-Energie a animé un groupe de travail sur la qualité de l’enveloppe du bâtiment (GTQE) qui a publié son livre blanc actualisé sur l’isolation des constructions neuves et des rénovations. Ce document de 40 pages intervient cinq ans après le premier.
Philippe Boussemart, membre du groupe de travail et directeur général de Sto France, a déclaré qu’en raison de la situation internationale actuelle, la nécessité de décarboner les bâtiments est devenue de plus en plus urgente car elle a mis en évidence les limites de nos modèles qui dépendent de l’énergie étrangère et amplifié la précarité énergétique. Il a ajouté que des mesures structurelles fortes sont plus que jamais attendues, cependant, les récentes tentatives législatives et réglementaires n’ont pas réussi à initier une réelle dynamique.
Une proposition visant à éliminer les passoires thermiques d’ici 2034
Environ 40 % de l’énergie consommée dans l’UE provient des bâtiments, et 36 % des gaz à effet de serre émis sont liés à la consommation d’énergie. Le groupe de travail sur le chauffage et l’énergie (WGHE) suggère qu’une rénovation complète des bâtiments résidentiels européens pourrait entraîner une baisse de 44 % des besoins en énergie pour leur chauffage, soit une économie de 777 TWh. Pour y parvenir, il faut faire de l’enveloppe du bâtiment et de son efficacité une priorité, et le groupe de travail a formulé plusieurs suggestions.
La mise en œuvre d’un plan d’action visant à éliminer complètement les appartements thermiques d’ici 2034 est proposée. Pour y parvenir, il est nécessaire de réaliser 500 000 rénovations complètes et réussies par an. Philippe Boussemart fait valoir qu’il est indispensable de se concentrer sur ce plan pour obtenir un rendement maximal et cesser de disperser les aides. Il est suggéré de lancer des zones prioritaires expérimentales en 2023 pour évaluer l’efficacité énergétique et économique avec l’aide de l’État, des collectivités locales, des bailleurs, des entrepreneurs et des opérateurs de rénovation énergétique.
Une prime aux travaux combinés (PTC) devrait être mise en place pour contribuer à ce que les bâtiments résidentiels privés (individuels ou collectifs) atteignent le niveau de performance BBC. Il est également suggéré que la séquence et le calendrier des travaux soient strictement respectés.
La troisième suggestion est de créer un programme pour le secteur de la “Rénovation économe en énergie”, comprenant les fabricants, les entrepreneurs, les formateurs, les collectivités locales et le gouvernement, qui garantirait la qualité des travaux et l’efficacité des bâtiments.
Le GTEQ souligne l’importance de garantir une réelle performance thermique des bâtiments, ce qui peut être réalisé par le biais du commissionnement. Selon David Corgier, qui fait partie du groupe de travail et qui est le directeur général du bureau d’études Manaslu, cela permettrait de garantir une évaluation complète et approfondie des capacités thermiques du bâtiment, tant au niveau de l’enveloppe du bâtiment que des équipements techniques.
Le groupe de travail suggère que les nouvelles constructions soient conformes à la SNBC, notamment le renforcement de l’indicateur Bbio de 10% à chaque étape de la RE2020, ainsi que le développement de méthodes de calcul théoriques.
Les conséquences de la qualité de l’air intérieur sur le bien-être de la population française sont considérables
Ce document met également l’accent sur d’autres difficultés constantes associées à des structures insuffisamment isolées, notamment la qualité de l’air intérieur (QAI).
Le GTES rappelle que les bâtiments sans isolation suffisante peuvent faire descendre la température au point de rosée, entraînant la production d’humidité et de moisissures. Par ailleurs, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur estime que les Français, qui passent 84% de leur temps à l’intérieur, sont affectés par une mauvaise QAI, avec 20 000 décès annuels associés. L’OMS reconnaît également qu’il existe un lien entre la mauvaise qualité de l’air dans les bâtiments et la santé des occupants.
Malgré la mobilisation de nombreux acteurs du secteur, la nouvelle réglementation a vu stagner le niveau d’exigence pour le traitement des ponts thermiques, selon Raphaël Kieffer, membre du groupe de travail et directeur général de Schöck France. Cela signifie qu’elle nous permet de construire des bâtiments isolés par l’extérieur, mais ne traite pas la plus grande source de déperdition d’énergie, qui se trouve au niveau des balcons/loggias et des acrotères. Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 fixé par l’Union européenne, il est essentiel de donner la priorité à la rénovation de l’enveloppe d’un bâtiment et à sa performance, tant en termes d’efficacité énergétique que de qualité de l’air intérieur, selon M. Kieffer.