Les résultats d’études récentes menées par SINTEF Energy Research et l’Université de technologie de Delft (TU Delft) montrent que le piégeage et le stockage du CO2 sur les sites industriels peuvent conduire à des réductions substantielles de ce gaz avec une charge financière faible ou nulle pour le public.
Le dernier numéro de la revue Environmental Science and Technology a publié un article rédigé par Sai Gokul Subraveti (SINTEF), Elda Rodríguez Angel (TU Delft), Andrea Ramírez (TU Delft) et Simon Roussanaly (SINTEF), intitulé “Is CCS really that expensive ? An analysis of the cascading costs and CO2 emission reductions of implementing industrial CCS on bridge construction”. La recherche a étudié l’effet potentiel de la mise en œuvre du captage et du stockage du carbone (CSC) dans la production d’acier et de ciment sur le coût du Pontchartrain Causeway Bridge en Louisiane, aux États-Unis – le plus long pont à poutres continues au-dessus de l’eau au monde, comprenant 225 000 m3 de béton et 24 209 tonnes d’acier.
Simon Roussanaly explique que, bien que le CSC ait entraîné une augmentation de 60 % du coût des matières premières pour le ciment et de 13 % pour l’acier laminé à chaud (HRC), ces composants ne représentent qu’une fraction du coût de construction du pont, d’où une augmentation globale du coût de seulement 1 %. Il ajoute que, dans le cas d’une cimenterie et d’une aciérie, l’augmentation de 1 % du coût est plus qu’un juste compromis pour la réduction de 51 % des émissions de CO2.
Une augmentation de 1% des dépenses aurait pu permettre une réduction de 51% des émissions de CO2 résultant de la construction du pont, grâce à l’introduction du CSC. Ce coût marginal pourrait être couvert par une augmentation minime des péages du pont. Cette proposition est tout à fait raisonnable, compte tenu de l’importance d’une réduction de 51 % des émissions des industries du ciment et de l’acier, qui représentent ensemble environ 15 % du total des émissions de CO2 dans le monde.
Nils Røkke, vice-président exécutif du SINTEF chargé de la durabilité, souligne que pour déterminer le coût du CSC par rapport à la réduction des émissions, il convient de procéder à une évaluation complète – non seulement des composants et des matériaux individuels, mais de l’ensemble. Cela devrait inciter les promoteurs et les acheteurs d’infrastructures à inclure dans leurs appels d’offres une demande de matériaux à faibles émissions et à en tenir compte lorsqu’ils évaluent l’impact environnemental des nouvelles constructions.
Cette étude démontre que les villes et les gouvernements peuvent utiliser les marchés publics de matériaux à faible teneur en carbone pour atteindre leurs objectifs climatiques de 2030 dans le cadre de l’accord de Paris, sans encourir de coûts trop importants. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l’effet de la mise en œuvre du CSC sur les produits et services des utilisateurs finaux. Il s’agit d’une première étape vers la compréhension des avantages et des dépenses liés au CSC. Il convient de noter que d’autres réductions d’émissions pourraient être obtenues, par exemple en utilisant de l’hydrogène à faible teneur en carbone au lieu du charbon à coke comme agent réducteur, ce qui n’a pas été pris en considération dans cette étude.