Le Royaume-Uni n’a pas fait preuve d’un grand enthousiasme à l’égard de l’énergie marémotrice au cours des dernières années. Cependant, du fait qu’il est gravement touché par la crise énergétique, le pays doit persévérer dans ses efforts de transition énergétique. Le coût est un facteur crucial pour les Britanniques lorsqu’il s’agit de s’approvisionner en énergie pour l’avenir. C’est pourquoi un groupe de chercheurs a récemment publié un rapport sur la viabilité de l’énergie marémotrice au Royaume-Uni. Leurs conclusions suggèrent que le potentiel de l’énergie marémotrice est légitime et que les dépenses qu’elle implique ont déjà été calculées.
Un potentiel britannique d’énergie marémotrice
La School of Engineering de l’université de Lancaster et le Centre for Ecology and Hydrology ont mené conjointement des recherches sur l’énergie marémotrice au Royaume-Uni, dont les résultats ont été publiés le 21 juin. L’étude met en évidence le potentiel du Royaume-Uni en matière d’énergie marémotrice, qui peut s’avérer être un moyen rentable de produire de l’électricité. Le Royaume-Uni bénéficie d’un environnement naturel très favorable au développement de l’énergie marémotrice, car il possède la deuxième amplitude de marée la plus élevée au monde.
Un modèle viable
La recherche menée par l’université de Lancaster ne s’est pas seulement concentrée sur les aspects naturels de l’énergie marémotrice, mais a également intégré des facteurs économiques pour évaluer la faisabilité des projets d’énergie marémotrice au Royaume-Uni. Bien que quelques projets d’énergie marémotrice soient actuellement envisagés, ils ne sont pas assez importants pour avoir un impact significatif. L’étude suggère que ces projets pourraient potentiellement générer 10 GW de capacité installée et environ 20 TWh par an, ce qui ne représente que 5 % de la consommation d’énergie du pays. Cependant, sur la base des ressources disponibles, l’étude conclut que cette capacité pourrait être multipliée par quatre ou cinq. Le rapport souligne l’importance de ces développements pour réduire les émissions de carbone du Royaume-Uni en remplaçant les centrales à combustibles fossiles et en offrant une option d’indépendance énergétique par rapport au marché mondial des prix. Le professeur George Aggidis, directeur de recherche à Lancaster, considère qu’il s’agit d’une opportunité que le Royaume-Uni devrait saisir, ce qui soulève la question de savoir pourquoi il n’y a pas encore de projets d’usines marémotrices.
L’échec du projet DeltaStream
En septembre 2014, l’optimisme régnait sur l’énergie marémotrice au Royaume-Uni avec le lancement du projet DeltaStream, mené par TidalEnergy Ltd. Le projet visait à créer des générateurs sous-marins au large de la côte galloise, dans le but de révolutionner l’énergie marémotrice dans le pays. Le projet a coûté au total 18 millions de livres sterling, dont 8 millions ont été financés par l’Union européenne. Le projet a même signé un accord d’achat d’électricité avec EDF Energy.Cependant, après seulement un an, le projet s’est arrêté. La turbine DeltaStream, qui était en phase de test, n’a fonctionné que pendant trois mois en raison de difficultés techniques, ce qui a entraîné l’arrêt de la production d’énergie. Malheureusement, le projet n’a pas été relancé depuis. L’échec du projet a eu un impact significatif sur le déploiement de l’énergie marémotrice au Royaume-Uni, en freinant sa progression.
Prix et transition énergétique obligent le Royaume-Uni à trouver de nouvelles solutions
Les circonstances ont changé depuis 2015 et le Royaume-Uni se trouve aujourd’hui dans une position qui pourrait être favorable à l’énergie marémotrice. D’une part, l’escalade des prix de l’énergie a attiré l’attention des gens sur la question de l’autosuffisance énergétique. L’augmentation des factures d’électricité a eu un impact sévère sur les ménages britanniques, de sorte que nombre d’entre eux ont du mal à payer leurs factures. D’autre part, le gouvernement doit se montrer proactif en soutenant le passage à l’énergie propre s’il veut atteindre ses objectifs. L’étude de l’université de Lancaster se termine en citant la France comme modèle, et plus particulièrement l’usine marémotrice de La Rance. Les chercheurs soulignent que La Rance est non seulement une source d’électricité fiable et respectueuse de l’environnement, mais aussi la forme de production d’électricité la moins chère de la collection d’EDF, moins chère même que l’énergie nucléaire. De quoi donner du grain à moudre au gouvernement britannique.