L’objectif d’un groupe de douze chercheurs, dont le Centre collégial de transfert de technologie du Cégep de Trois-Rivières, Innofibre, est de construire des bâtiments modulaires écologiques grâce à la technologie de l’impression 3D.
Jean-Philippe Jacques, directeur d’Innofibre, a exprimé sa fierté de participer à un projet innovant qui utilise l’expertise de l’entreprise dans le développement de produits cellulosiques. Il a également souligné l’aspect novateur de l’utilisation de la cellulose comme ingrédient d’impression. En outre, le projet consistera à explorer l’utilisation de la fibre de cellulose pour diverses applications, notamment pour remplacer les produits d’origine fossile. L’équipe travaillera également à la mise au point d’une isolation ignifuge biosourcée.
Ce projet, dirigé par un ingénieur et enseignant du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, a reçu un soutien financier du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT) de 900 000 $ sur une période de trois ans. De plus, les partenaires apporteront une contribution financière et en nature estimée à 300 000 $ au cours de la même période. L’objectif principal du projet est d’évaluer les avantages potentiels de la technologie d’impression 3D à grande échelle et de l’utiliser pour imprimer des modules destinés à la construction de bâtiments. L’impression en usine de modules réduit les coûts de production et accélère le rythme de la construction, ce qui permet de construire des bâtiments de petite et de grande taille tout au long de l’année. Cela améliorera l’accès à la propriété pour les Québécois. Le Regroupement innovant pour l’impression d’immeubles durables (RI3D-FRQNT) vise à construire des appartements avec moins d’employés et des logements plus abordables au cours des trois prochaines années.
Un bâtiment modulaire imprimé au Québec sera conçu et assemblé en 2025 comme prototype de travail pour Habitat pour l’humanité Québec. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a publié en juin 2022 une étude selon laquelle le Québec sera confronté à une pénurie d’environ 600 000 logements d’ici 2030. Cette pénurie devra être comblée tout en faisant face à une pénurie de main-d’œuvre affectant plusieurs secteurs économiques, dont l’industrie de la construction. Pour relever ces défis, le RI3D-FRQNT propose une nouvelle approche de la construction de bâtiments. La technologie utilisée permet de produire la partie structurelle d’un bâtiment plus rapidement que les pratiques traditionnelles, nécessite moins de main-d’œuvre par logement, utilise moins de matériaux en réduisant les déchets et permet de créer des formes arrondies qui sont structurellement plus solides. Contrairement aux bâtiments imprimés sur place en Ontario en 2022, le RI3D-FRQNT propose d’imprimer en usine des modules qui seront transportés et assemblés sur place par la suite. Cette méthode présente plusieurs avantages, comme l’utilisation d’une imprimante plus petite, donc moins coûteuse, l’absence de déplacement de l’imprimante, le gain de temps et la possibilité de construire de grands bâtiments en multipliant les modules. Marco Lasalle, directeur du service technique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), estime que cela pourrait favoriser la densification de l’environnement bâti. Toutefois, le RI3D-FRQNT devra tenir compte des matériaux utilisés par cette nouvelle technologie, le béton ayant un bilan carbone plutôt décevant. Le professeur Ammar Yahia, titulaire d’une chaire industrielle du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) sur les bétons fluides à rhéologie adaptée, précise que le groupe vise à faire de la recherche sur les bétons plus verts, sur les matériaux imprimables alternatifs et sur l’efficacité énergétique des bâtiments imprimés.
Une étude scientifique approfondie sera menée dans les semaines à venir par une équipe possédant un niveau d’expertise impressionnant en ingénierie, architecture, matériaux forestiers, prototypage rapide, logistique et manutention, environnement et matériaux cimentaires, en raison de la nature ambitieuse du projet. Cette équipe est composée de personnes aux compétences diverses et complémentaires.Le projet a fait appel aux compétences de six cégeps, de deux universités et de six centres collégiaux de transfert de technologie.
De son côté, Nicholas Joyal, enseignant-chercheur au département d’architecture du Cégep de Trois-Rivières, est actuellement engagé dans un projet de développement de bâtiments écologiques fabriqués à partir de matériaux biosourcés, qui fourniront des logements étudiants abordables construits sur le campus ou dans la région environnante.