S’il y a une chose à retenir du récent rapport du GIEC, c’est bien celle-ci : L’horloge tourne pour la planète et nous manquons rapidement de temps pour éviter une catastrophe climatique. En effet, si nous ne limitons pas le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius en réduisant à zéro les émissions de carbone d’ici à 2050, des milliards de personnes seront touchées dans le monde entier, car les villes deviendront inhabitables, les pénuries alimentaires s’intensifieront et des tempêtes de plus en plus dévastatrices s’abattront sur nos communautés.
La bonne nouvelle, c’est que nous disposons déjà de la technologie nécessaire pour atteindre ces objectifs climatiques. La mauvaise nouvelle, c’est que nous ne les avons pas encore mises en œuvre aussi rapidement et aussi largement qu’il le faudrait. Les bâtiments en sont un excellent exemple. Nous savons que les bâtiments sont responsables de 37 % des émissions de carbone dans le monde, mais les bâtiments à consommation zéro restent essentiellement un petit groupe de projets de prestige et ne constituent pas la norme pour toutes les nouvelles constructions.
La question qui se pose est la suivante : si la technologie existe pour faire de la consommation nette zéro une réalité et si les entreprises sont de plus en plus soumises à la pression des réglementations gouvernementales et des parties prenantes pour réduire les émissions, pourquoi les bâtiments à consommation nette zéro ne sont-ils pas construits en masse ?
Les pressions qui pèsent sur l’adoption de la consommation nette zéro
Si l’investissement dans les projets “net zéro” peut sembler aller de soi compte tenu de la part importante des émissions totales qu’ils génèrent, il reste bien inférieur à ce qui serait nécessaire pour avoir un impact réel à l’échelle mondiale. Heureusement, des forces plus importantes commencent à faire bouger les choses.
L’une de ces forces s’exerce par le biais de la réglementation gouvernementale. Nous avons vu des exemples locaux et multinationaux dans le monde entier qui imposent des conséquences réelles au non-respect des mesures de réduction des émissions de carbone. Le Parlement européen a récemment approuvé sa position sur la directive relative à la performance énergétique des bâtiments, ce qui constitue le premier organe gouvernemental important à considérer les bâtiments comme l’un des principaux facteurs du changement climatique.
Cette mesure garantira qu’à partir de 2028, tous les nouveaux bâtiments ne produiront aucune émission et exigera des entreprises européennes qu’elles contribuent à atteindre l’objectif de zéro émission nette. En réduisant les émissions et en augmentant le nombre de rénovations, cette nouvelle directive contribuera à faire entrer les bâtiments dans le XXIe siècle.
Dans le même temps, il y a actuellement une pénurie de techniciens qualifiés capables d’installer la technologie nécessaire pour faire de l’objectif “zéro émission” une réalité. Cette situation peut empêcher même le leader technologique le mieux intentionné de faire avancer rapidement les projets “net zéro”.
En outre, les pressions exercées sur les leaders technologiques pour qu’ils réduisent leurs dépenses rendent plus difficile l’obtention d’un budget pour de nouveaux projets, mais cela ne doit pas nous empêcher de faire les investissements nécessaires pour éviter une catastrophe climatique mondiale.
Heureusement, plusieurs technologies et facteurs peuvent contribuer à apaiser ces deux préoccupations.
Technologies durables à privilégier
Lorsqu’il est question de bâtiments à consommation nette zéro, on ne saurait trop insister sur l’importance de la numérisation et de l’électrification.
Étant donné que plus de 60 % de l’énergie est aujourd’hui perdue ou gaspillée, la numérisation nous permet de rendre la consommation d’énergie plus visible et contribue à réduire le gaspillage d’énergie et les émissions de carbone qui y sont associées. Selon les estimations de Schneider Electric, plus de 90 % des équipements de distribution électrique ne sont pas connectés à des systèmes de gestion de l’énergie, ce qui rend impossible l’analyse de la consommation d’énergie.
Grâce à l’IoT, à l’analyse des données et à l’intelligence artificielle, tous les systèmes d’un bâtiment peuvent être connectés et numérisés pour prendre des décisions plus rapides et plus intelligentes en matière de gestion de l’énergie et du carbone. En moyenne, un système de gestion des bâtiments (GTB) numérisé et connecté peut réduire jusqu’à 20 % de la consommation d’énergie d’un bâtiment, selon nos données. La numérisation des bâtiments est également nécessaire pour collecter les données permettant de prouver qu’un bâtiment est réellement net zéro, ce qui deviendra de plus en plus important à mesure que de nouvelles réglementations gouvernementales seront mises en place.
En outre, l’IA et la technologie d’analyse de l’optimisation seront cruciales pour améliorer l’efficacité énergétique et lutter contre le défi que représente la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. L’IA peut faire passer les capteurs des bâtiments intelligents et l’IdO au niveau supérieur.
Elle peut être programmée pour optimiser les systèmes sans nécessiter d’intervention humaine et alerter de manière proactive les gestionnaires d’installations en cas de problème, leur évitant ainsi d’avoir à analyser les données par eux-mêmes. Les techniciens qualifiés peuvent ainsi se consacrer à d’autres tâches nécessitant une intervention humaine et le nombre total de travailleurs nécessaires est réduit, ce qui est une aubaine pour les entreprises qui ont du mal à trouver des talents qualifiés.
L’électrification des bâtiments est également un élément essentiel pour atteindre le niveau zéro. Les principaux émetteurs de carbone du parc immobilier actuel sont les systèmes fonctionnant à la vapeur, au pétrole et au gaz. Ces technologies obsolètes, qui dépendent largement des combustibles fossiles, rendent les bâtiments à consommation zéro pratiquement impossibles et créent de nombreuses inefficacités. L’électrification de ces systèmes est essentielle pour atteindre les objectifs de durabilité.
Plus de la moitié de l’électricité sera produite par l’énergie éolienne et solaire d’ici 2040, et de nombreuses organisations souhaitent tirer parti de la décarbonisation du réseau en remplaçant les technologies utilisant des combustibles fossiles par des options électriques, par exemple en remplaçant les systèmes de chauffage au gaz par des pompes à chaleur électriques. Ce changement de technologie augmente la charge électrique des bâtiments et nécessite des systèmes électriques modernes qui répondent au réseau avec des capacités de gestion dynamique de la charge.
Sur la voie de la consommation nette zéro, les exploitants de bâtiments devraient envisager des mesures telles que l’exploitation de ressources renouvelables comme l’énergie éolienne, solaire et géothermique pour alimenter les systèmes de construction, la garantie d’un fonctionnement efficace des systèmes CVC ou le choix de matériaux de construction provenant de sources durables.
Une solution particulièrement intéressante est le verre intelligent qui, lorsqu’il est utilisé dans les fenêtres d’un bâtiment et connecté à un système de gestion du bâtiment, peut s’adapter automatiquement en mesurant la température et l’occupation de la pièce et contrôler avec précision la chaleur et la lumière. Cette approche peut améliorer l’efficacité des systèmes de chauffage et de refroidissement, ce qui permet de réduire les coûts énergétiques sans sacrifier le confort des occupants.
Le temps d’agir
S’il y a une chose à retenir de tout cela, c’est que le temps presse pour lutter contre le changement climatique et atteindre les objectifs en matière d’émissions. Cela pourrait avoir des effets dévastateurs sur la planète et sur les perspectives des générations futures. La technologie permettant d’avoir un impact réel et de construire des bâtiments à consommation nette zéro existe déjà ; il est temps que les dirigeants en fassent une priorité.