En réponse aux effets du changement climatique, les nouveaux projets immobiliers commerciaux intègrent les risques météorologiques, restaurent la biodiversité et donnent la priorité au bien-être des occupants. Cela a déclenché une révolution verte, sociale et architecturale.
Alors que la France a connu une vague de chaleur sans précédent cet été, la capacité des bâtiments à résister à des conditions météorologiques changeantes a été mise à l’épreuve. Auparavant, les architectes se concentraient principalement sur les conditions climatiques hivernales, mais ils prennent de plus en plus en compte les vagues de chaleur estivales, explique Alexandre Jonvel, architecte-directeur de l’agence CoBe, connue pour son approche bioclimatique.
S’inspirant des pays chauds que sont Athènes, Beyrouth et Le Caire, David Habrias, directeur général associé en charge de l’architecture pour le groupe Kardham, préconise de renforcer la résilience des bâtiments et des quartiers face aux températures extrêmes par l’utilisation de cheminées naturelles, d’ombrages d’arbres et de tours à vent. La RE2020, qui mesure le poids carbone des bâtiments, remet également en cause la pertinence de certains dispositifs de protection comme les brise-soleil et encourage plutôt les constructeurs à utiliser des solutions “low tech” comme les toits végétalisés, les peintures réfléchissantes, l’orientation des façades en fonction de l’ensoleillement pour isoler et protéger naturellement un bâtiment.
Il plaide pour une utilisation judicieuse du numérique afin d’intégrer efficacement un bâtiment dans son environnement climatique. “Plutôt que de lutter contre le climat, dit-il, il s’agit de trouver la meilleure combinaison des paramètres du bâtiment, et d’optimiser ses performances et son utilisation.” Néanmoins, il est attentif au confort des utilisateurs dans des températures potentiellement inconfortables.
La biodiversité au travail
L’adoption par la Commission européenne d’un règlement sur la taxonomie le 2 février 2022 a placé la biodiversité et la protection et la restauration des écosystèmes parmi les six critères permettant de classer une activité comme durable. Cela a entraîné une augmentation du nombre de certifications, telles que HQE, Breeam, Biodivercity et Effinature, et une plus grande attention de la part des opérateurs immobiliers.
Morgane Le Cocq, responsable du groupe biodiversité au sein du cabinet de conseil en construction Citae, affirme : “Les maîtres d’ouvrage et les promoteurs ont pris conscience de l’importance de la biodiversité et investissent davantage dans l’écologisation de leurs programmes immobiliers.”
Autrefois considérée comme coûteuse et peu rentable, la végétalisation des zones urbaines gagne les faveurs des entreprises qui utilisent des stratégies d’économie d’énergie. SFL, par exemple, a été un leader dans ce mouvement, ayant récemment achevé l’un des premiers projets labellisés BBCA Rénovation dans le 15e arrondissement de Paris, l’immeuble Biome.
Eric Oudard, directeur technique et du développement de SFL, souligne la réussite de ce projet : “Ce projet a combiné la réduction de notre empreinte carbone, la réutilisation d’éléments originaux et le développement de la biodiversité avec l’introduction de plus de 70 variétés d’espèces régionales.”
Le site de 3 000 mètres carrés compte désormais deux fois plus d’espaces verts, tant au niveau du sol que des étages. Oudard souligne l’importance de tels projets : “Les projets de renaturation doivent être pris en compte dans l’équation économique des projets. Ils sont essentiels pour apporter des réponses à la résilience des territoires et créer des lieux d’interactions productives.”
Inclusion : la clé pour atteindre un bien-être optimal
Afin de rendre leur lieu de travail attractif pour les collaborateurs, Crédit Agricole Immobilier Corporate et Promotion a mis en place un certain nombre d’initiatives. Parmi celles-ci, l’installation de bâtiments lumineux, de jardins luxuriants et d’espaces partagés pour créer un sentiment de confort et de bien-être. En outre, le groupe a également introduit l’agriculture urbaine à son siège de Toulouse, avec des cultures hydroponiques et aquaponiques, ainsi que des vergers, tous entretenus par les employés. En intégrant ces concepts dans ses projets, le groupe cherche à promouvoir l’inclusion environnementale et sociale avec ses projets de bâtiments à usage mixte ouverts à la communauté.
En 2022, l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) a initié le projet “Quartiers Résilients” pour revitaliser 50 quartiers particulièrement touchés par le changement climatique. Cet effort collectif vise à apporter aux collectivités des solutions aux crises climatiques, ainsi qu’à promouvoir les relations de bon voisinage, selon Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’ANRU.Le programme “Quartiers fertiles” a été mis en place dans le quartier Parc Sud de Nanterre, où 93% des 13 000 habitants sont en logement social. Cette initiative a été mise en place dans le but d’accroître la cohésion sociale, les opportunités d’emploi et l’accès à l’alimentation. Les initiatives privées se mêlent aux politiques publiques pour y parvenir.