L’ANAH finance une rénovation complète du centre d’hébergement « La Boulangerie », site majeur de Paris. La rénovation de l’imposant bâtiment apportera une sécurité, un confort et une dignité accrus à ses occupants, comme on l’a vu lors de la visite initiale avant le début des travaux.
Un site remarquable par sa capacité d’accueil
Bienvenue sur le boulevard Ney à Paris, l’ancien emplacement de la caserne Gley. Ce bâtiment était autrefois utilisé comme une boulangerie militaire et plus tard comme une installation de stockage pour les forces armées. Au cours de l’hiver 2004-2005, le plan « Grand Froid » a désigné ce site comme refuge d’urgence, et il abrite maintenant plus de 400 hommes chaque nuit. Ce refuge est divisé en deux sections, un centre d’hébergement d’urgence (CHU) d’une capacité de 386 places, et un centre d’hébergement et de stabilisation (CHS) d’une capacité de 50 places, permettant un séjour plus long. Hichame Nougaoui, directeur du site d’Adoma, a dirigé la visite. L’espace est aménagé comme un centre logistique, avec une plate-forme centrale menant à une grande zone de stockage au rez-de-chaussée et des étagères aux niveaux supérieurs.
Dans le CHU, il y a trois dortoirs remplis d’environ 400 lits superposés placés côte à côte. Hichame remarque : « Nous faisons de notre mieux pour accueillir autant de personnes que possible, car le besoin est immense.« Un petit espace est équipé de casiers, de tables et de prises électriques. Du côté du CHS, il y a une cafétéria, des toilettes de base et 13 chambres différentes, toutes de tailles différentes. Hichame nous conduit alors à deux zones inoccupées, sans cloisons. « Nous avons suffisamment d’espace pour accueillir plus de personnes, mais nous devons nous assurer que cela se fasse de manière digne et sûre, en veillant à ne pas être surpeuplés. »
Des conditions éloignées des standards de confort
Hichame déclare que lorsqu’une personne ayant besoin d’un abri arrive, son principal besoin est de se sentir en sécurité. Par la suite, ils ont besoin d’un endroit pour rester, d’un lit pour dormir et de nourriture pour vivre une vie quotidienne sans insécurité.
Malgré l’entretien régulier, les normes d’hygiène, de confort et de sécurité au CHU et au CHS sont loin de ce qui est attendu pour un établissement de cette taille. Les salles de bains sont trop petites, et les dortoirs ont peu d’intimité pour les hommes. Les plafonds sont hauts et il n’y a pas d’isolation, ce qui rend difficile de garder les espaces au chaud. De plus, le système de ventilation est inadéquat, ce qui entraîne des problèmes d’humidité.
Hichame et son équipe sont particulièrement préoccupés par la sécurité du bâtiment. Si jamais il devait y avoir une ruée vers les gens, la disposition actuelle des locaux ne convient pas pour une évacuation rapide et efficace. Pour lutter contre cela, une équipe de gardes de sécurité et du personnel d’Adoma sont prévus sur place tous les jours.
Un programme de travaux ambitieux
Le projet consiste à rénover complètement le rez-de-chaussée et à rendre les deux étages supérieurs habitables. Une programmation optimisée est en place pour offrir des chambres de deux à trois lits, afin que les occupants puissent profiter de plus d’intimité. Des sanitaires attenants seront prévus, ainsi qu’une consigne à bagages, une cuisine, des salles polyvalentes et un réfectoire. De plus, Jean-Stéphane Michard, responsable du programme Adoma, cherche à créer des espaces de « troisième place », permettant aux associations locales d’utiliser occasionnellement les locaux. Les autres éléments de la programmation comprennent l’isolation, la conformité électrique, l’installation du système de ventilation et le remplacement du système de chauffage.
Le projet permettra d’améliorer les services d’accueil tout en préservant les capacités du site. Un nouveau centre hospitalier universitaire « d’intégration » sera ajouté pour augmenter la capacité d’accueil 24 heures sur 24. Les travaux se dérouleront sur deux ans sur un site occupé. La réhabilitation des 1er et 2e niveaux débutera en 2023, puis en 2024 les occupants seront relocalisés au 1er étage pour permettre le réaménagement du rez-de-chaussée.
Le projet en chiffres :
- La superficie du site sera portée de 4 900 m² à 11 000 m²
- Le CHU disposera de 150 places (50 chambres)
- Le CHS disposera de 104 places (52 chambres)
- Le CHU “insertion” disposera de 184 places (92 chambres)
Le plan de financement :
- Subventions Anah : 9,7 millions d’euros (soit 70% du montant total)
- Prêts Caisse des Dépôts : 2 millions d’euros
- Fonds propres Adoma : 2,2 millions d’euros
- Ville de Paris : 1,55 millions d’euros
- Coût total de financement : 13,9 millions d’euros