En avril 2021, la FNTP, EGF et Syntec Ingénierie, avec le soutien du projet national MINnD et buildingSMART France, ont publié une prise de position commune sur le numérique dans la construction. Pour faire avancer la transition numérique et promouvoir la décarbonisation, ils publient maintenant un manifeste. Le manifeste propose d’utiliser des jumeaux numériques pour surveiller et faciliter une trajectoire à faible émission de carbone tout au long de la vie des structures et des infrastructures. Il présente trois ambitions et une voie pour les marchés publics afin d’assurer la mise en œuvre complète de la continuité numérique au service de la transition écologique.
Une présentation publique est organisée le 24 janvier à 17h, à la FNTP 9 rue de Berri Paris 75008, salles TPA-B-C, afin de placer 2023 sous le signe d’une ambition partagée et concrète d'” openBIM au service de la neutralité carbone pour 2050 “. Toutes les organisations et associations professionnelles du secteur sont invitées à lire, voire à cosigner le manifeste (ci-dessous) pour le porter à l’attention des pouvoirs publics français et européens.
MANIFESTE : L’openBIM AU SERVICE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
À la lumière des récents avertissements du GIEC concernant la crise climatique, le secteur de la construction (entrepreneurs, constructeurs, exploitants, mainteneurs) s’est engagé à effectuer une transition vers une économie circulaire et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour assurer cette transition écologique, des outils numériques capables de proposer des solutions, de prévoir les trajectoires et de suivre les progrès sont indispensables. Des efforts de normalisation sont nécessaires afin d’établir un environnement partagé auquel toutes les parties prenantes pourront participer.
Impact carbone et Numérique
La complexité d’un projet d’infrastructure n’est plus un frein, grâce à la maturité des outils numériques. L’OpenBIM, basé sur des standards ouverts pour les données et les processus de travail, permet à tous les acteurs de la construction de collaborer autour d’une même représentation numérique quelles que soient les solutions logicielles utilisées. Les entreprises françaises de conception, de construction, d’exploitation et de maintenance mènent cette transformation numérique depuis des années. Leurs outils numériques leur permettent de mieux appréhender la complexité et les conditions des infrastructures existantes, de vérifier l’exactitude de la conception et de garantir la longévité de l’ouvrage. En outre, ces outils peuvent également être utilisés pour simuler le processus de vieillissement de la structure.
L’utilisation de l’efficacité numérique permet de créer des structures à faible niveau d’émission de CO2. Elle permet de travailler simultanément sur les matériaux, les objets, les processus de construction et les usages, les gains de chaque phase étant partagés avec ceux des autres phases tout au long de la vie du projet. OpenBIM assure la définition d’indicateurs, l’acquisition de données fiables et le traitement de ces données pour prédire et suivre la performance des ouvrages. Pour réaliser des solutions innovantes et disruptives, il faut employer des outils numériques présentant des caractéristiques de sobriété, de durabilité et de partage ouvert des informations. L’interopérabilité permise par l’openBIM, telle que mise en œuvre par le secteur de la construction, encourage la participation de tous à la conception, au développement et à la mise en œuvre du projet.
La profession s’est fixé trois ambitions en matière de transition écologique et de développement du numérique : développer une vision partagée, établir un cadre de référence unifié et créer une feuille de route unifiée.
AMBITION 1 : UNE VISION COMMUNE
Pour que la transition numérique soit réussie, il est essentiel qu’une vision commune de la profession soit établie. OpenBIM et openSIG sont essentiels pour garantir l’accessibilité des données, permettre la collaboration entre les différentes parties et l’efficacité tout au long des différentes étapes d’un projet. Pour ce faire, les données doivent être interopérables, réutilisables et correctement suivies. En outre, les nuages peuvent être utilisés pour partager des informations, mais ils ne doivent pas être contrôlés par des tiers car ils ne peuvent garantir la souveraineté, la neutralité, la réversibilité et la redondance des données. Enfin, des réglementations doivent être mises en place pour protéger les données, le savoir-faire et la propriété intellectuelle.
Toutes les parties concernées, comme les donneurs d’ordre, ont en commun l’objectif d’openBIM de faciliter la transition écologique. Cette vision est réalisable grâce aux jumeaux numériques qui permettent de suivre le parcours zéro émission de la construction tout au long de sa vie.
AMBITION 2 : UN RÉFÉRENTIEL PARTAGÉ
Au cours des dernières années, les acteurs du secteur ont créé et publié un ensemble de documents normatifs, mettant à la disposition des clients un vaste ensemble de normes pour les bâtiments, les infrastructures et les zones. Certains maîtres d’ouvrage et administrateurs de biens bâtis et de régions ont déjà appliqué une politique volontariste exigeant l’application de l’openBIM et des jumeaux numériques, qu’il convient désormais de normaliser. Le secteur français de la construction, particulièrement actif, encourage ces changements de manière collective et pratique, aux côtés d’associés internationaux et de producteurs de logiciels.
Le présent corpus travaille sur l’agencement des informations relatives aux objets construits, comme la norme IFC 4.3 ISO 16739 [3] qui couvre le jumeau numérique du terrain. De plus, il organise les procédures de partage des données via la norme ISO 19650[4] qui permet l’incorporation de processus numériques dans les contrats. En outre, la norme ISO 23386[5] structure les connaissances commerciales liées aux objets de construction et fournit aux experts commerciaux les moyens d’identifier les propriétés des objets. Par la suite, elle génère des données quantitatives et initie la formation d’indicateurs de performance quantifiables.
AMBITION 3 : UNE FEUILLE DE ROUTE COMMUNE
Les marchés publics doivent agir au plus vite pour être un catalyseur de la transition écologique. Pour y parvenir, la transformation numérique doit être adoptée à toutes les étapes du cycle de vie du projet, de la conception à la réalisation et à la maintenance. Pour soutenir cela, de nouvelles réglementations et lignes directrices doivent être établies pour régir le processus de consultation, ainsi que pour suivre et évaluer les travaux.
Le cahier des charges de la commande publique devrait englober des spécifications techniques qui favorisent les technologies openBIM et “open Cloud”, ainsi que la création de jumeaux numériques en tant qu’actifs numériques durables. En outre, les systèmes de notation devraient inclure des indicateurs permettant de comparer les offres et de déterminer les plus performantes en termes d’empreinte carbone et d’économie circulaire, afin d’optimiser les investissements (CAPEX) et les dépenses opérationnelles (OPEX) grâce au numérique. En outre, des paramètres quantifiables, standardisés et transparents devraient être intégrés pour garantir une concurrence loyale entre les offres.