Les producteurs de ciment envisagent de proposer au gouvernement français un plan d’action qui leur permettra d’accélérer leur processus de décarbonisation et de réduire leurs rejets de CO2 de 50 % d’ici à 2030, tout en visant la neutralité carbone totale d’ici à 2050. La proposition implique un investissement approximatif de 5 milliards d’euros.
Le président du syndicat des cimentiers, Bruno Pillon, a révélé dans un entretien à l’AFP jeudi que leur réponse au pacte de décarbonisation d’Emmanuel Macron pour les industries les plus polluantes repose sur deux approches. La première approche se concentre sur la décarbonisation des processus de fabrication et des matériaux, tandis que la seconde approche se concentre sur la capture du carbone. La nécessité de cette réponse est cruciale car la production traditionnelle de ciment émet près d’une tonne de CO2 par tonne de ciment produite. Il y a trois ans, les fabricants ont présenté une feuille de route visant à réduire leurs émissions de 24 % d’ici à 2030. Cependant, ils ont maintenant élaboré un plan plus ambitieux visant à réduire leurs émissions de 50 %, ce qu’ils estiment réalisable.
L’industrie vise à réduire l’utilisation de combustibles fossiles dans les fours afin de décarboniser la production. L’une des façons d’y parvenir est d’augmenter le pourcentage de combustibles alternatifs, tels que les déchets non recyclables des communautés et industries voisines, à 80 % d’ici 2030, alors que la proportion actuelle est d’environ 45 %. Cette initiative est déjà en cours, comme le mentionne M. Pillon, qui souligne que sa filiale française, le groupe Heidelberg Materials, investit 600 millions d’euros dans cette cause.
Selon M. Pillon, les fabricants développent un nouveau procédé qui réduit la teneur en clinker du ciment et le remplace par de l’argile calcinée, qui émet beaucoup moins de CO2. Ils visent à réduire la teneur en clinker de 75 % à 68 % d’ici à 2030 et à 62 % d’ici à 2050, ce qui pourrait réduire les émissions de 27 %. Pour atteindre l’objectif de 50 %, M. Pillon estime que la capture du carbone est la seule solution et espère que le secteur pourra bénéficier d’infrastructures partagées de capture, de stockage et de récupération du carbone au niveau des pôles territoriaux. M. Pillon affirme que ces technologies existent déjà, et son groupe prévoit d’enfouir la première tonne de CO2 dans son usine de Brevik en Norvège l’année prochaine, avec un objectif de 400 000 tonnes par an, suivi d’une opération similaire en 2025 dans l’usine suédoise de Slite.
M. Pillon insiste sur le fait que le gouvernement devrait apporter son soutien compte tenu de l’importance des investissements nécessaires. Le 8 novembre 2022, Emmanuel Macron a proposé un pacte de décarbonisation aux principaux industriels français émetteurs de CO2. La proposition comprend une augmentation de l’aide publique à 10 milliards d’euros en échange d’un doublement de leurs efforts en matière de réduction des émissions de carbone. Pour discuter de cette proposition, il a rencontré les dirigeants des 50 sites industriels français les plus émetteurs de CO2, qui représentent la moitié des émissions totales de l’industrie et 10 % des émissions du pays. Parmi ces 50 sites figurent 22 cimenteries, comme l’a précisé M. Pillon.